Archives de Tag: musique contemporaine

« O Mensch » de Dusapin, un classique moderne

Bonjour à tous!

Cette semaine, nous nous permettrons une petite pause dans le suivi de la Série Hommage pour vous parler du concert que le baryton Vincent Ranallo et le pianiste Matthieu Fortin présenteront ce vendredi soir à la Chapelle historique du Bon-Pasteur où ils joueront le magistral cycle de lieder O Mensch du compositeur français Pascal Dusapin sur des textes de Nietzsche. Romantisme français et lyrisme allemand se mêlent dans une pièce qui aborde des thèmes aussi différents que l’humanité, la nuit, la mort, le désespoir, l’amour et le secret, entre d’autres. Cinq jours avant le concert, le soliste Vincent Ranallo nous en parle avec passion!

Vincent Ranallo partage avec nous ces réflexions sur 'O Mensch' avant le concert de vendredi. Photo: Caroline Laberge.

Vincent Ranallo partage avec nous ces réflexions sur ‘O Mensch’ avant le concert de vendredi. Photo: Caroline Laberge.

« O Mensch de Dusapin est une œuvre hybride, car elle combine des éléments de mélodrame (texte déclamé en divers degrés de parlando ponctué par le piano) à de véritables chansons dont le ton varie de l’ironie mordante, au coup de gueule et à la rêverie philosophique en passant par la peinture de quelques passions bien humaines. Afin de rendre cette riche palette, nous devons réunir une approche vocale comparable à celle exigée par le Wozzeck de Berg, à une grande recherche dans la pureté du timbre et de l’intonation pour faire ressortir les profondeurs de l’âme humaine décortiquée par Nietzsche, une technique qui s’apparente au bel canto ancien de Monteverdi, » explique Vincent Ranallo.

Pour le baryton, le duo formé avec le pianiste est, sous cet aspect, « une refonte de la monodie accompagnée d’une basse continue épousant les remous de la dramaturgie imaginée par le compositeur. » « Si la voix représente toujours la présence mystérieuse de l’humanité, le pianiste alterne entre les rôles d’interlocuteur impertinent, d’ombre portée, de décors théâtral et d’accompagnement pur et simple.  La mobilité et le raffinement de cette relation, ainsi que la précision maniaque de la coordination exigée, nous ont incités, Matthieu et moi, à investir un grand nombre d’heures de répétition afin d’arriver à la plus grande aisance possible. »

D’un autre côté, Vincent Ranallo remarque que toutes ces subtilités, surtout rythmiques, ne doivent pas provoquer un sentiment de contrainte, car « il ne faut pas oublier que Dusapin se considère comme un jazzman frustré: le groove et le swing forment une sorte d’ancrage pour l’extraordinaire liberté d’accentuation à laquelle nous sommes conviés comme interprètes. » À son avis, il s’agit « d’une clé permettant de rejoindre plus directement l’auditeur dans son intériorité: la fluidité presque dansante du flot sonore faisant souvent mine de s’arrêter, de se suspendre à des accords puisant dans la mémoire du romantisme et de l’expressionnisme allemand. »  

Le  très moderne langage de Dusapin glisse parfois ainsi vers une fausse impression de modalité, surtout dans la ligne vocale: « Comme plusieurs compositeurs issus de la tradition française, dont Olivier Messiaen, Gilles Tremblay, les spectraux,  il affectionne la contemplation du son développé dans l’espace. Contrairement à eux, cet amour de la résonance ne me semble pas sacralisée: non pas adoration mais rêverie. Son lien de filiation déclaré à Varèse et à Xenakis est tempéré par la sensualité un peu fétichiste de ses harmonies, complexes dans les détails mais relativement stables globalement, caractéristique qui facilite la réception de cette musique dont la simplicité est extrêmement trompeuse. »

En bref, chacun y trouvera son compte dans ce concert, car « Dusapin intègre et assume dans O Mensch toute la complexité de l’histoire d’un genre musical, aux confins de la cantate in stile representativo, du Liederabend, de la scène mélodramatique et de la chanson de cabaret.  Il crée un cycle qui a de bonnes chances de devenir un classique moderne. » 

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Nos chefs-d’œuvre

Bonjour à tous!

Cette semaine c’est au tour des solistes de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) d’être protagonistes de notre Série hommage avec le concert Chefs-d’œuvre d’ici, présenté par la série Tableaux en musique. Le flûtiste Denis Bluteau, le violoniste Luis Grinhauz, l’altiste Lambert Jun-Yuan Chen, le violoncelliste Sylvain Murray et la pianiste Bertha Rosenohl, avec qui nous avons correspondu, présenteront un programme d’œuvres de trois compositeurs québécois: Denis Gougeon, Alexis Contant et Anne Eggleston.

La pianiste Berta Rosenohl participera du concert Chefs-d’œuvre d’ici dans la Série Hommage.

La pianiste Bertha Rosenohl participera au concert Chefs-d’œuvre d’ici dans le cadre de la Série hommage.

Denis Gougeon a écrit Suite privée pour flûtes (do, sol, piccolo), piano et violoncelle en 1988 suite à une commande de l’Ensemble Daedalus et avec l’aide du Conseil des Arts du Canada. Il s’agit d’une suite de quatre conversations à trois instruments sur des sujets qui provoquent l’intériorité et l’introspection intime, en même temps que la discussion heureuse. « Comme l’indique Denis Gougeon, il s’agit d’une pièce de caractère intime, représentant une conversation entre amis, » affirme Bertha Rosenohl, qui assure que l’œuvre « ne comporte pas particulièrement de difficultés techniques pour le piano, si ce n’est que dans quelques passages rythmiques. »

Selon la pianiste, la musique de Gougeon est « très claire et transparente et, grâce à une maîtrise de la connaissance des instruments, recèle une grande beauté sonore. » En fait, Bertha Rosenohl croit que « le message dans la musique de Gougeon est direct et son langage, facile à comprendre. C’est très musical! »

Mais le programme ne se circonscrit pas à la contemporanéité de Denis Gougeon. En effet, elle couvre, du point de vue des styles, trois siècles avec Alexis Contant et le romantisme du 19e siècle, et Anne Eggleston et le modernisme néo-classique du 20e. Alexis Contant (Montréal, 1858-1918), fils de musiciens amateurs, a été compositeur, organiste, pianiste et professeur de musique. Il a surtout composé des musiques d’accompagnement à l’orgue pour chœur, des pièces pour piano solo et orgue, dont son œuvre la plus célèbre La Lyre, et des musiques de chambre, dont le trio pour piano, violon et violoncelle qui sera interprété ce vendredi.

Anne Eggleston (Ottawa, 1934-1994) quant à elle, a été compositrice et professeure, et certaines de ses œuvres ont connu une grande notoriété, tel que le Quatuor à cordes qui a remporté le prix de la meilleure composition du Concours de musique originale de la radio de la SRC à Ottawa en 1964 et qui sera joué dans ce programme de chefs-d’œuvre.

Le concert sera précédé d’une visite guidée de l’exposition ‘Art québécois et canadien du XXe siècle‘ de la collection du Musée des beaux-arts de Montréal. Profitez-en!

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Un jeune « Heureux qui comme… »

Bonjour à tous!

Après l’avoir savourée à la soirée d’ouverture de la Série Hommage de la SMCQ, vous pourrez vous amuser encore une fois ce jeudi soir avec une nouvelle interprétation de la pièce Heureux qui comme… de Denis Gougeon par l’Ensemble Musique Avenir et la soprano Magali Simard-Galdès du Conservatoire de musique de Montréal sous la direction de Véronique Lacroix.

Véronique Lacroix dirigera le prochain concert de la Série Hommage.

Véronique Lacroix dirigera le prochain concert de la Série Hommage.

Pendant cette semaine de pratique, nous avons correspondu avec la directrice artistique qui croit que cette pièce écrite en 1987 est « une œuvre qui respire la joie: celle de vivre et d’aimer, de voyager, comme Ulysse, mais aussi celle d’écrire de la musique, un métier totalement naturel chez ce compositeur. »

« Le sens mélodique est plus que remarquable chez Denis Gougeon qui a aussi un don particulier pour raconter des histoires en musique, même sans aucun mot! » dit Véronique Lacroix en référence au fait que la partie de soprano de l’œuvre n’utilise que des vocalises sur des voyelles et quelques mots inventés. « Une utilisation festive du rythme est aussi l’une de ses caractéristiques, » ajoute-elle.

L’ensemble complétera ce programme avec la création Métalingua du jeune compositeur Jonathan Goulet, qui nous a parlé aussi de son œuvre: « L’idée principale était le mélange de plusieurs courants d’écriture qui ont eu une importance particulière dans l’élaboration de différents langages musicaux, tels que les techniques sérielles, spectrales, modales et tonales. Il n’existe pas réellement de fil conducteur qui dicte l’utilisation de ces techniques, la pièce est plutôt comme un terrain de jeu où différents matériaux se manifestent librement. Parfois, des styles musicaux qui sont fortement associés aux techniques choisies sont clairement évoqués, parfois ce sont carrément des pastiches et parfois le style est plus personnel, » explique Jonathan Goulet. « C’est une œuvre très habile et expressive qui emprunte principalement la forme des variations, » ajoute Véronique Lacroix.

La soprano Magali Simard-Galdès interprétera Hereux qui comme… sous la direction de Véronique Lacroix.

La soprano Magali Simard-Galdès interprétera Heureux qui comme… sous la direction de Véronique Lacroix.

Le concert terminera avec l’œuvre pour ensemble et électronique Manhattanism du compositeur canadien Alec Hall et la pièce Octuor d’Igor Fyodorovich Stravinsky car, selon la directrice, « un programme de concert est comme un bon repas: il doit y avoir une entrée, un met principal et un dessert, agrémentés d’un apéro, d’un bon vin et d’un café digestif, selon le temps qu’on a… Le Stravinsky, avec ses rythmes inspirés du jazz et son instrumentation ‘pétillante’ jumelant habilement quatre cuivres et quatre bois, fera peut-être ici office de… champagne…? » lance Véronique Lacroix. 

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Face à face

Bonjour à tous!

Cette semaine, la SMCQ vous propose un concert singulier: deux pianistes, Brigitte Poulin et Jean Marchand, interpréteront face à face cinq œuvres pour deux pianos du répertoire récent, dont une création de notre compositeur à l’honneur cette année, Denis Gougeon. Pour en savoir plus sur le concert de ce dimanche à la Salle Tanna Schulich de Université McGill, nous avons correspondu avec les deux musiciens.

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Brigitte Poulin et Jean Marchand joueront une nouvelle pièce de Denis Gougeon, Andante Sostenuto, une œuvre qui s’inspire du poème du même titre de Fernand Ouellet, tiré du recueil intitulé A l’extrême du temps. « Denis est un compositeur post-romantique à l’écriture lyrique et somptueuse. Son écriture pour clavier est toujours très pianistique, donc un pur bonheur pour les mains des exécutants! » nous raconte Jean. Pour Brigitte, cette pièce est « nostalgique et expressive, idiomatique au piano; la forme est un lied, aux contours mélodiques lents et continus; elle nous permet une capacité d’expression concentrée à la fois libre et rigoureuse, » assure-elle.

Ils interpréteront aussi un arrangement de l’œuvre Pulau Dewata de Claude Vivier fait par M. Gougeon : « L’adaptation est rigoureuse. Elle laisse une marge de manœuvre inventive au piano au niveau des articulations et des couleurs, » dit Brigitte, qui pense que Denis Gougeon « est un grand compositeur, prolifique dans des styles à approches très variées, d’une grande sensibilité et générosité. »

Le duo complétera ce programme avec des pièces de Henri Dutilleux, Georges Aperghis et Kevin Volans. « Les mots résonance, réminiscence, réflexion, absorption sont des mots qui me viennent à l’esprit pour décrire notre programme, comme un fil conducteur guide le trajet du début à la fin, » selon la pianiste. Pour Jean, Dutilleux, compositeur de Quatre figures de résonances, « se proposait d’écrire une sorte de « catalogue de résonances » en amorçant ses « Figures de résonances ». » Le pianiste ajoute que, même si son projet est demeuré inachevé, « c’est une œuvre remarquable, très achevée comme tout ce qu’a écrit le compositeur, et qui exploite, entre autres, la résonance des harmoniques du piano; véritable études de timbres, d’attaques, de couleurs. »4619372170_8b7514c5dd_b

« Alter-Face d’Aperghis est une sorte de tropisme musical. Le dialogue très serré des deux pianistes emmène peu à peu ceux-ci dans des zones troubles de dédoublement, de jeux de miroirs déformants et parfois de cache-cache très ludique. C’est une œuvre extrêmement exigeante sur le plan rythmique. Finalement, le compositeur sud-africain Kevin Volans a emprunté le titre Cicada aux toiles et dessins de Jasper Johns. L’œuvre est construite sur des cellules harmoniques répétées et dont on entend, les pianos étant placés assez loin l’un de l’autre,  les très subtiles et sensibles métamorphoses qui finissent par créer un halo harmonique très poignant, » explique Jean Marchand.

La préparation technique du concert a été possible grâce au soutien de la Faculté de musique d’École Schulich de l’Université McGill, où ils sont professeurs. « La collaboration de deux pianistes exige énormément de travail de mises au point de jeu pianistique, d’équilibre sonore, de recherche commune de timbres, d’attaques, de phrasés, de respirations pour finalement devenir un seul pianiste à deux têtes. Cette collaboration avec Brigitte, ma seconde, demeure un pur bonheur artistique, » remarque Jean. Le concert sera précédé par une table ronde à 14h avec John Rea, Denis Gougeon et Louise Bessette animée par Walter Boudreau. Profitez-en!

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Partons « À l’Aventure! »

Bonjour à tous!

« Faites attention à la gérance de la nuance. On y va encore une fois! » C’est lundi matin et je me rends à la Salle Claude-Champagne pour assister à une répétition de l’Orchestre de l’UdeM.  Les jeunes musiciens préparent À l’Aventure!, qui sera interprété ce samedi soir sous la direction du maestro Jean-François Rivest. Pendant la pause, ce chef d’orchestre à qui l’université a décerné l’un des rares Prix d’excellence en enseignement, m’accorde gentiment une entrevue.

 Jean-François Rivest dirigera l'Orchestre de l'Université de Montréal. PHOTO: Lida Amengual

Jean-François Rivest dirigera l’Orchestre de l’Université de Montréal. PHOTO: Lida Amengual, SMCQ

« Dans cette œuvre, il y a un sens de la jeunesse, de l’aventure, de l’imprévu, de la surprise. Il n’y a jamais d’ailleurs la même musique. Denis a volontairement construit une structure où la musique évolue sans jamais revenir en arrière, un peu comme un road-trip-no-where. On découvre toujours quelque chose de nouveau. C’est une pièce qui nous tient en état alerte tout le temps, qui nous emmène en voyage. L’autre chose, c’est qu’elle est très énergique, il y a vraiment une décharge d’énergie qui va bien avec ces jeunes musiciens qui en sont plein, » explique M. Rivest.

En parlant de la préparation technique du concert, le chef nous dit que « si chaque œuvre a ses propres difficultés, ici il y a beaucoup de travail rythmique à faire. Nous nous sommes aussi concentré sur l’équilibre entre les plans sonores. Parfois les cordes jouent piano et les vents sont fortissimo, parfois il y a un crescendo pour toutes les cordes alors que les autres ne le font pas… et c’est tout cet équilibre de nuances qui crée un paysage avec un relief. »

L'Orchestre de l'Université de Montréal jouera « À l’aventure! » de Denis Gougeon. PHOTO: Lida Amengual

L’Orchestre de l’Université de Montréal jouera « À l’Aventure! » de Denis Gougeon. PHOTO: Lida Amengual, SMCQ

« L’œuvre de Denis est vraiment extraordinaire. Elle est riche, variée, sérieuse, très incarnée dans les instrumentistes qui la jouent. C’est une musique qui se comprend bien et qui se communique assez facilement. Ce n’est pas un laboratoire, comme il dirait lui-même, Denis ne fait pas ses exercices de composition devant le public, il les fait chez lui, alors l’œuvre est très aboutie. C’est sûr que c’est une musique qui est accessible pour le public, plus que d’autres musiques contemporaines. Pour moi, c’est une qualité de communication, parce qu’au fond je me sens communicateur, ma raison d’être ici c’est de rejoindre les gens et de leur dire : Écoute comme c’est beau! » nous raconte M. Rivest.

Après l’interprétation de l’œuvre de Denis Gougeon, l’Orchestre de l’UdeM et le clarinettiste soliste Victor Alibert joueront la Sonate pour clarinette et piano no 2, op 120 et la Symphonie no 2 (transcription pour clarinette et orchestre) de Brahms. Mais comment mélanger deux compositeurs si différents? « Un mot clé dans tout cela, c’est la tradition. Denis écrit d’une façon moderne en tenant compte de l’évolution de l’orchestre et de la tradition musicale, il connaît très bien ses classiques et il écrit en respect pour les compositeurs du passé. De toutes les époques, les compositeurs ont écrit en s’appuyant et en comprennent les compositeurs avant eux. Je considère que c’est un concert qui met en vedette des jeunes, car on commence en disant à plein poumon: À l’Aventure! Et cette aventure passera par plusieurs étapes: la jeunesse, avec À l’Aventure! de Denis; l’âge du milieu ou l’âge d’or de la vie, avec la Symphonie de Brahms, et la sagesse de la vieillesse avec une de ses dernières sonates, » affirme M. Rivest.

Victor Alibert sera le clarinettiste soliste pendant le concert de vendredi. PHOTO: Lida Amengual

Victor Alibert sera le clarinettiste soliste pendant le concert de samedi. PHOTO: Lida Amengual, SMCQ

Quant au rôle du chef d’orchestre, c’est très clair pour Jean-François Rivest : « Ma responsabilité est de leur demander des modes de jeu qui mettent en valeur les différents styles. Par exemple, dans le cas de Gougeon, on recherche une sorte de sonorité plus moderne sur le chevalet, sans vibrato, chanter en même temps qu’on joue… Même si chaque compositeur a son style de jeu, on se sert aussi de la tradition. À un moment précis de la répétition, je leur ai demandé un son plus « Ravel. » C’est juste une façon pour les musiciens de comprendre ce que je demande au niveau technique. »

« C’est un orchestre de très bon niveau et en tant que jeunes, ils sont prêts à tout expérimenter, ils sont prêts à aller à l’aventure! ». Vous le savez déjà, ce sera un concert à ne pas manquer!

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Allons voyager!

Bonjour à tous!

En provenance de New York, le duo aTonalHits nous propose de faire un petit voyage du Québec jusqu’en Europe de l’Est. Invités à Montréal par Maxime McKinley, compositeur en résidence à la Chapelle historique du Bon-Pasteur, le pianiste Illya Filshtinskiy et la violoniste Katha Zinn joueront ce vendredi soir une des plus récentes compositions de Denis Gougeon, Chant du cœur. Pour vous les présenter, on a correspondu avec les musiciens qui nous ont parlé des œuvres au programme.

Le pianiste Illya Filshtinskiy et la violoniste Katha Zinn joueront 'Chant du cœur' de Denis Gougeon.

Le pianiste Illya Filshtinskiy et la violoniste Katha Zinn joueront ‘Chant du cœur’ de Denis Gougeon.

« Comme le nom de notre groupe indique, nous jouons souvent de la musique nouvelle. Nous avons donc décidé d’assembler les œuvres de notre répertoire existant à des œuvres de compositeurs québécois, en fonction des styles. De cette façon, nous avons voulu souligner les parallèles existant entre les œuvres, même si elles sont dans des mondes différents. Nous aimons bien ​​la musique de l’Europe de l’Est et nous l’insérons souvent dans nos concerts, surtout des œuvres d’Alfred Schnittke, à qui nous avons consacré notre premier album, » nous a raconté Katha.

Sachant que Denis Gougeon est le compositeur à l’honneur cette année, le duo a cherché avec Maxime McKinley une pièce qui cadrerait avec son répertoire. « Dans le programme, nous essayons d’agencer chaque compositeur québécois à un compositeur de Europe de l’Est et nous avons pensé que le style de Gougeon pourrait convenir parfaitement à la musique d’Arvo Pärt. Ils ont tous deux certaines qualités du minimalisme, une répétitivité qui inspire une certaine spiritualité. Chant du Coeur s’adapte particulièrement bien à la programmation et nous pouvons les jouer ensemble, » disent les musiciens.

« Chant du Coeur a deux mouvements – le premier est lent, méthodique, avec des filets de notes qui tombent les unes dans les autres, ce qui crée une très belle forme de méditation. Je ne pense pas que cela importe quelle partie (piano ou violon) porte la mélodie ou l’accompagnement, car les deux lignes s’entremêlent pour créer une certaine incorporéité que Gougeon semble rechercher, » a expliqué Katha. Dans la deuxième partie de l’œuvre, écrite à la mémoire des parents de Denis Gougeon, le compositeur utilise les premières notes de Flow my tears du compositeur baroque John Dowland. « Cela me rappelle le style de Pärt, dont les œuvres sont souvent qualifiées de néo-médiévales, » raconte la violoniste.

Le duo aTonalHits offrira un concert ce vendredi soir à la Chapelle du Bon-Pasteur.

Le duo aTonalHits offrira un concert ce vendredi soir à la Chapelle du Bon-Pasteur.

Fratres  d’Arvo Pärt, Portrait of a Sentimental Musician in a Distorting Mirror de Jean Lesage,  Les Pavements de Saint Marco et la Sonata No.1 pour violon et piano de Maxime McKinley et la Sonata No. 5 pour piano solo de Galina Ustvolskaya et de Maxime McKinley complèteront le programme. « L’œuvre de Lesage me rappelle beaucoup le Duo for Violin and Piano d’Elliott Carter, en le sens qu’elle est très lyrique, la « mélodie » passant d’un instrument à l’autre, mais beaucoup plus tonal que le Duo de Carter, » dit Katha. Pour la violoniste, le travail de McKinley est « plus cyclique que non-répétitif, » et les deux instruments suivent une série de figures répétées et une ligne crescendo – decrescendo progressive. De son coté,  Fratres  d’Arvo utilise un cadre similaire, structuré sur une seule progression d’accords en répétition à travers de nombreuses variations.

Le concert aura lieu ce vendredi soir à 20h à la Chapelle du Bon-Pasteur de Montréal. Profitez-en!

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Le «Piano-soleil» inspirateur

Bonjour à tous!

S’il y a une oeuvre de Denis Gougeon que nous aimons bien, c’est bien Six thèmes solaires, une pièce composée à la demande du Concours de musique du Canada pour l’épreuve «Tremplin international» de 1990. Si vous l’aimez aussi, vous aurez l’occasion de l’écouter ce vendredi soir au concert de l’orchestre de chambre montréalais Ensemble Arkea à la Chapelle historique du Bon-Pasteur. Pour en savoir davantage, nous avons rencontré Dina Gilbert, fondatrice et directrice artistique de l’ensemble, qui, à 28 ans, est aussi assistant-chef à l’Orchestre Symphonique de Montréal.

Dina Gilbert dirigera l'Ensemble Arkea ce vendredi soir. PHOTO: Denis-Carl Robidoux

Dina Gilbert dirigera l’Ensemble Arkea ce vendredi soir. PHOTO: Denis-Carl Robidoux

La première partie du concert sera consacrée aux Six thèmes solaires, qui, selon Dina Gilbert, « permettent de démontrer la virtuosité et l’expression de dix instruments solistes (piano, flûte, clarinette, cor, saxophone, trompette, violon, alto, violoncelle et voix), » parfois accompagnés par le piano. La première de ces dix pièces, Piano-Soleil, est aussi la plus importante car elle génère la musique de toutes les autres planètes qui sont donc des variations sur la musique du soleil. Selon Dina Gilbert, le Piano-Soleil « est certainement l’élément initial de tout le cycle. D’ailleurs plusieurs créations de la deuxième partie du concert ont pris naissance d’un thème, d’un accord, ou encore d’une citation de Piano-Soleil. La pièce déborde d’énergie et est elle très lumineuse! »

« Denis Gougeon a composé de sorte à ce que chacun des instruments soit jumelé à une des planètes du système solaire. C’est donc une occasion unique de présenter le talent de musiciens de l’Ensemble Arkea, à titre de solistes pour une première moitié de concert, » explique Dina. « Grâce à l’excellente écriture de Denis Gougeon, elles sont accessible à tous les publics. De plus, tous les solistes de l’Ensemble Arkea sont enthousiastes de participer à un concert hommage à ce grand compositeur, » dit-elle.

Mais, en quoi se démarque Gougeon des autres compositeurs? « La musique contemporaine n’est pas toujours facile! Que ce soit pour l’exécuter ou encore pour l’entendre, je crois que Denis Gougeon est l’un des compositeurs du moment qui nous permet de réconcilier tous les publics avec la musique contemporaine. Même si sa musique est virtuose, elle est toujours agréable à interpréter. Sa musique prend rapidement vie puisqu’elle est bien écrite et évoque plusieurs caractères. De plus, le public est charmé dès les premières écoutes de ses œuvres, et c’est sans doute la clé de son succès depuis toutes ces années. »
L'Ensemble Arkea jouera le "Six thèmes solaires" ce vendredi soir. PHOTO: Denis-Carl Robidoux

L’Ensemble Arkea jouera « Six thèmes solaires » ce vendredi soir. PHOTO: Denis-Carl Robidoux

Dans la deuxième partie du concert, le public pourra entendre pour la première fois six nouvelles créations composées par des anciens élèves de la classe de composition de Denis Gougeon, ou encore des étudiants actuels. « Nous leur avons demandé d’écrire une courte pièce pour quintette à cordes, piano, flûte, clarinette et cor, inspirée des Six Thèmes Solaires de Denis Gougeon afin de lui écrire un hommage. Chacun d’entre eux s’est inspiré d’un matériau différent (thème, énergie ou encore une citation d’un mouvement spécifique) de l’oeuvre. Les pièces sont toutes très intéressantes et différentes puisque les compositeurs ont chacun un langage unique dans lequel on a toutefois glissé ça et là des éléments de la musique de Denis Gougeon. Ils ont tous travaillé avec cœur dans ce projet, car Denis compte beaucoup pour eux. C’est vraiment un plaisir d’interpréter la musique de compositeurs de la relève aussi talentueux. Nous avons beaucoup de plaisir avec eux à chacune des répétitions. » nous a raconté Dina Gilbert.

Dans ce concert, il y aura aussi une touche de multimédia préparé par Marc-Antoine Doyon. « Le sujet du « système solaire » permet facilement d’évoquer une multitude d’images, c’est pourquoi nous avons voulu apporter un autre élément afin de stimuler l’imagination des spectateurs. Les vidéos agiront à titre de toile de fond de chacun des mouvements afin d’accompagner la musique plutôt que de la masquer. Nous ne voulions surtout pas détourner l’attention des spectateurs de l’élément fondamental : la musique. Nous croyons que le résultat créé par Marc-Antoine Doyon et son équipe est tout simplement unique car ils ont trouvé des éléments du très grand (de l’univers) en filmant des objets très petits… vous devez assister au concert pour mieux comprendre! » Profitez-en!

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LE MOMENT EST ARRIVÉ!

Après plusieurs mois de travail, le temps est venu pour la Société de musique contemporaine du Québec de lancer les festivités de la Série Hommage consacrée au compositeur Denis Gougeon par un Grand concert d’ouverture ce vendredi 27 septembre. La soirée débutera avec le vernissage de l’exposition visuelle Denis Gougeon: figures (18h) et une rencontre avec Denis Gougeon lors d’une table ronde (19h) où sera également lancée la bande dessinée sur sa vie.

Au programme du concert il y aura des pièces de notre artiste à l’honneur, Heureux qui comme… et En accordéon, mais aussi un détour chez les compositeurs de la côte est des États-Unis avec la Chamber Symphony de John Adams et For your eyes only de John Zorn. Walter Boudreau dirigera l’Ensemble de la SMCQ ainsi que l’accordéoniste Joseph Petric et la soprano Marie-Danielle Parent, qui nous a parlé de ce concert qui a une valeur toute spéciale pour elle.

Marie-Danielle Parent chantera 'Heureux qui comme...' pendant le concert d'ouverture de la Série Hommage.

Marie-Danielle Parent chantera ‘Heureux qui comme…’ au concert d’ouverture de la Série Hommage.

« Ouvrir la Série Hommage de Denis Gougeon est un merveilleux privilège et c’est un grand bonheur de chanter une œuvre qui a été composée pour moi et qui m’est dédiée. J’ai l’impression de reprendre un « classique » », dit Marie-Danielle Parent. « C’est aussi un honneur d’ouvrir cette saison en hommage à Denis Gougeon, un compositeur que j’admire depuis longtemps. »

Cette soirée revêt un caractère particulièrement spécial pour Marie-Danielle Parent qui est aussi épouse et complice en musique de Denis Gougeon de longue date : « Ce sera pour moi comme une belle fête de retrouvailles. Heureux qui comme… me ramène à de très beaux souvenirs: une tournée européenne que j’ai faite avec la SMCQ sous la direction de Walter Boudreau, en 1988. J’étais alors enceinte et j’étais habitée par une merveilleuse présence. Nous avons eu aussi beaucoup de plaisir durant cette tournée, » s’est rappelé la chanteuse.

En ce qui concerne à la difficulté technique de l’œuvre, la soprano explique que « comme toute pièce vocale exigeante, que ce soit Mozart, Schubert, Vivier… il faut pouvoir s’appuyer sur une bonne technique vocale pour garder la souplesse de la voix et la précision rythmique. J’ai retravaillé la pièce en sections, n’oubliant jamais de rester dans l’élan du corps et l’abandon! » ajoute-elle.

Nous vous invitons à découvrir cette pièce ce vendredi à la Salle Pierre-Mercure: « Laissez-vous séduire par toute la gamme d’émotions que véhicule cette pièce. C’est une histoire, nous partons en voyage… » conclut Marie-Danielle Parent.

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LA VIE DE DENIS GOUGEON EN BANDE DESSINÉE

Bonjour à tous!

Comme toujours dans le cadre de la Série Hommage, nous avons transformé la vie de notre compositeur à l’honneur, Denis Gougeon, en bande dessinée, grâce au travail de l’illustratrice Elisabeth Eudes-Pascal et l’écrivaine Marie Décary. Pour vous en donner un petit avant-goût, nous avons rencontré les deux artistes, qui nous ont confié quelques détails de leur extraordinaire processus de création.

L'illustratrice Elisabeth Eudes-Pascal et l'écrivaine Marie Décary nous ont confessé quelques secrets du processus de création de la bande dessinée sur la vie de Denis Gougeon.

L’illustratrice Elisabeth Eudes-Pascal et l’écrivaine Marie Décary nous ont confié quelques détails sur leur processus de création.

Elisabeth et Marie, qui ont déjà travaillé ensemble sur les bandes dessinées des deux dernières Séries hommage (Gilles Tremblay et Ana Sokolovic), commencent toujours leur travail par une visite chez le compositeur à l’honneur. « Je le connaissais déjà, alors j’ai essayé d’apprendre tout ce que je ne savais pas encore et de trouver des éléments excitants. Surtout, je lui ai demandé de nous parler de son enfance et du moment de la révélation, dans ce cas-ci, sa découverte de la guitare. De plus, j’essaie de me faire une idée de la tonalité générale de la musique du compositeur », exprime Marie. Par contre, Elisabeth profite de cette visite « juste pour observer » les traits physiques de la personne et pour en prendre des photos.

Après cette première rencontre, les deux artistes échangent leurs impressions, puis initient un processus de travail en parallèle, séparément. Marie travaille sur une, deux, trois… versions du texte, et après Élisabeth y ajoute ses illustrations. « Pour moi, le défi principal est faire un personnage ressemblant, sans en faire une caricature, » explique l’illustratrice. « J’essaie que mes illustrations ne soient pas trop narratives, sinon c’est ennuyeux, et d’amener le lecteur ailleurs. » Mais le texte n’est pas inamovible, « si une image parle d’elle-même, le texte peut changer, » dit Marie.

Elisabeth Eudes-Pascal essaie toujours de créer un personnage ressemblant, sans en faire une caricature.

Elisabeth Eudes-Pascal essaie toujours de créer un personnage ressemblant, sans en faire une caricature.

La bande dessinée de la SMCQ est travaillée dans les cours de musique des écoles à travers le pays, parce que selon l’écrivaine, « c’est un point d’entrée à la vie du compositeur, » un sujet « motivant » autant pour les enfants que pour les adultes, qui parfois ne le connaissent pas. Elisabeth croit que le plus fascinant, c’est de connaître la raison du travail du compositeur : « Qu’est-ce qui inspire le créateur? C’est important de connaître la force qui le pousse à écrire, ce qui le motive à créer. Ça peut être inspirant pour le professeur et un modèle pour les élèves. »

La bande dessinée sur la vie de Denis Gougeon sera lancée le prochain 27 de septembre lors d’une table ronde (19h) programmée dans la grande soirée d’ouverture de la Série Hommage. Venez rencontrer Denis Gougeon et sa bande dessinée!

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DENIS GOUGEON À l’HONNEUR CETTE ANNÉE

Bonjour à tous!

Déjà fini, notre voyage estival! Mais la rentrée nous apporte de belles surprises et nous sommes très heureux de vous présenter notre compositeur à l’honneur cet année, Denis Gougeon. Aujourd’hui nous vous proposons une petite introduction sur la vie et l’œuvre de ce compositeur québécois et au cours de les semaines suivantes nous vous présenterons les activités jeunesse, l’exposition « Figures » et la grande soirée d’ouverture de la Série hommage, prévue pour le 27 de ce mois.

Le compositeur québécois Denis Gougeon sera notre protagoniste cet année.

Le compositeur québécois Denis Gougeon sera notre protagoniste cette année.

Né en 1951 à Granby (Québec), Denis Gougeon a passé son enfance entre les animaux du zoo de sa ville et les touristes de passage, mais pas particulièrement avec la musique. C’est à quinze ans qu’il tombe amoureux de la musique grâce à une guitare acquise par ses frères et sa sœur. Après un travail autodidacte et un premier concert, il quitte sa ville natale pour étudier à l’École de musique Vincent-d’Indy à Montréal.

Là-bas, il obtient un baccalauréat en guitare et musicologie, mais il trouve aussi l’amour en la jeune soprano Marie-Danielle Parent, avec qui il partagera sa carrière musicale. Après des cours privés en analyse musicale avec le compositeur André Prévost, Denis Gougeon prolongera ses études de composition à l’Université de Montréal jusqu’à l’obtention d’un second baccalauréat et d’une maîtrise avec le compositeur Serge Garant, alors directeur artistique de la SMCQ. C’est en 1980 à New York qu’il compose sa première œuvre marquée d’un langage entièrement personnel, Voix intimes, dédiée à son épouse et sa sœur.

Cette œuvre marquera le début de sa carrière professionnelle, jalonnée de grands succès, commandes et prix: il a été le premier compositeur en résidence à l’Orchestre symphonique de Montréal, il a composé la musique de onze projets du Théâtre UBU, il a écrit pour l’Orchestre symphonique de Québec, la SMCQ, le NEM…, il a été considéré comme le seul compositeur pouvant vivre uniquement de la composition au Québec, avant de devenir professeur titulaire au sein de l’Université de Montréal. À ce jour, son catalogue compte plus de 100 oeuvres (solos, pour orchestre, musique concertante, opéra de chambre, conte musical et ballet symphonique), et continue de grandir pour notre plus grand bonheur.

Pour commencer, nous vous invitons à écouter ce solo de piano, tiré de l’œuvre Six thèmes solaires:

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