Bonjour à tous!
Nous terminons la semaine avec la proposition du quintette Brevà qui nous offrira demain un concert «dans le vent» avec des œuvres pour de compositeurs canadiens et américains, dont notre compositeur à l’honneur Denis Gougeon. Le jeune ensemble montréalais formé par Keiko Otani (hautbois et cor anglais), Caroline Giroux (clarinettes), Gabrièle Dostie-Poirier (basson et contrebasson), Audrey G. Perreault (flûte, piccolo et soprano) et Gabriel Trottier (cor) interprétera plusieurs créations. Nous avons correspondu avec Grabriel et Audrey qui nous parlent de l’« avant-concert », ce voyage souvent dans l’ombre, tout aussi fascinant que l’événement lui-même…
-Qu’y-a-t-il de particulier dans l’œuvre 4 jeux à 5 de Denis Gougeon?
Gabriel Trottier: Je dirais que la particularité de l’œuvre 4 jeux à 5 est l’utilisation de la répétition de cellules mélodiques et rythmiques ainsi que la clarté de la structure formelle. Plusieurs compositeurs de musique contemporaine tentent d’éviter la redondance et la prévisibilité de leur musique. Je crois que dans ce quintette, Denis Gougeon a eu l’audace d’utiliser au contraire l’ostinato et les variations subtiles de motifs répétés en sa faveur. Le tour de force, c’est que dans cet espèce de « mantra », il réussit aussi à créer une musique intéressante et variée.

Vendredi, le quintette Brevà offrira un concert avec des œuvres de Denis Gougeon.
-Quel est le lien entre L’Oiseau blessé de Denis Gougeon et Fly in Circles de Zach Sheets?
Audrey G. Perreault: L’Oiseau blessé est un pièce pour flûte seule alors que Fly in Circles est une pièce pour flûte seule et voix (un exécutant) sur une poésie d’Oliver Strand. Les deux pièces sont d’une durée d’environ 5 minutes. Elles illustrent le thème de l’oiseau mais d’une façon différente que l’oiseau traditionnel du répertoire standard pour la flûte. Dans les deux pièces, l’oiseau se blesse et selon mon interprétation, les oiseaux meurent.
– Selon vous, en quoi se démarque Gougeon des autres compositeurs?
GT: Je crois que sa musique se rapproche du public. J’ai toujours l’impression en l’écoutant qu’il y a un élément auquel il est facile de se rattacher. Que ce soit au niveau formel comme j’en ai fait mention plus tôt ou par une harmonie plus consonante. Je crois que pour les néophytes, la musique de Denis Gougeon est une bonne porte d’entrée dans le monde de la musique de création. Pour les auditeurs habitués elle est assez riche et diversifiée pour soutenir l’intérêt.
– Parfois la musique contemporaine est difficile à communiquer… C’est le cas de notre compositeur à l’honneur?
GT: Je dirais que ça dépend de ses œuvres. Autant le compositeur peut nous amener en terre battue ou dans une aventure rocambolesque en hors-piste et ce parfois même au cours d’une même œuvre. Je crois que cette alternance entre le confort et la surprise aide à captiver l’attention. Pour cette raison je serais plutôt porté à dire que sa musique est plutôt du côté facile à communiquer (mais pas nécessairement à interpréter hahaha!).
– Vous compléterez ce programme avec trois créations [Melodious Viscosity (still flows) de Matthew C. Lane, Du Coeur à l’âme de Martin Dorval-Hardy et Seven Fish, in hourglass time de Zach Sheets]. Pouvez-vous m’en dire quelque chose?
GT: Melodious Viscosity (Still flows) est une longue pièce de 15 minutes écrite par Matthew Lane. Dans cette œuvre, la mélodie devient un liquide changeant continuellement de viscosité, et coulant à travers des surfaces inégales. Le liquide mélodique change de forme et coule rarement de manière uniforme. La pièce s’articule autour d’une grande section lente entrecoupée en son centre par une section rapide. Du Cœur à l’Âme de Martin Dorval-Hardy est un court voyage intérieur dans lequel on voit « l’être » en tant que biomachine bien vivante et rythmée, mais aussi comme une chose inexplicablement mystérieuse et gracieuse. Je crois donc que ce sera une des pièces au programme les plus faciles d’approche pour les auditeurs moins habitué à la musique contemporaine compte tenu l’utilisation de la modalité. Seven Fish, in Hourglass Time de Zach Sheets est une pièce où la métaphore du sablier est exprimée par l’utilisation de la notation proportionnelle. La proportion de l’espace horizontal entre les notes écrites suggère le rythme et la vitesse. Le compositeur avait en tête que ce type de notation donnerait une liberté quasi-improvisée à l’interprète qui serait comparable à un banc de poissons qui tourne, se tord et saute. Les sept poissons sont représentés par sept accords présentés au début de l’œuvre après une brève introduction.
– Comment avez-vous préparé ce concert, techniquement?
GT: D’abord nous avons lu les quatre œuvres au programme en novembre 2013 afin de déterminer le nombre de répétitions nécessaire. Finalement, c’est un gros programme, alors nous avons travaillé intensément et régulièrement, environ 15 répétitions entre le 9 et le 31 janvier. Pour nous, la méthode la plus efficace fut de travailler de courtes sections pour bien établir des points de repères. Comme nous jouerons plusieurs créations et que notre ensemble n’est pas dirigé par un chef, c’est facile de s’égarer… Nous trouvons aussi important de travailler en répétition avec les compositeurs étant donné qu’ils sont tous encore bien vivants. Zach Sheets est un compositeur américain et c’est grâce à la technologie de Skype qu’on a pu travailler avec lui. Nous sommes très heureux de savoir qu’il pourra assister en personne à une répétition et qu’il sera des nôtres lors du concert. Sa pièce a exigé des méthodes de travail créatives. Nous avons entre autres utilisé l’enregistrement comme un outil afin de déterminer si nous respections bien les proportions des différentes sections.
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